Brad Cormier est né à cheval sur la frontière du Nouveau-Brunswick et du Maine. Il habite aujourd'hui à dans le Far Ouest québécois au confluent de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent. Son apprentissage de l'ébénisterie s’est fait à partir d'une tradition plus ancienne que le métier lui-même : la transmission du savoir d'un maître à son apprenti. À ce compte, ses mentors ont été tour à tour Lalonde, Fratangelo, Borduas, Sarrasin et Masson. 

Hormis son amour du bois, il est nostalgique du temps des chevaux, aime manger de l'asphalte avec son Indian et lire les mémoires de Samuel de Champlain. Il croit que la musique grunge est une bénédiction et le fait de savoir citer Platon ne représente pas un signe d’intelligence à ses yeux. Il néglige trop souvent de regarder passer un voilier d’outardes, accorde de l’importance à ce que disent les vieux, refuse rarement un verre de scotch quand on lui propose. Il croit que le patrimoine bâti est le porte-étendard culturel d’un peuple et ne voit pas la beauté dans les ailerons de Civic montées.

Il aime les films westerns, déteste le plastique, prend un malin plaisir à chatouiller son neveu, n’aime pas quand on se moque d’un plus faible et n’a jamais porté de tutu dans aucun contexte, pas encore. Sa chemise à carreaux lui fait office d’uniforme, mais envie ceux qui portent de beaux habits quand c'est justifié. Il trouve vénérable que quelqu’un puisse réussir à force de persévérance, n’aime pas faire les changements d’huile, opte souvent pour le sandwich lorsque solo à table, est convaincu que la planète giflera l’homme un jour pour ses abus. 

Son verre d’eau est un pot Masson, son assiette un bol et sa fourchette une cuillère. Il est convaincu qu’on peut avoir une vieille âme, mais sait que Jésus n’a pas marché sur l’eau. Il est conscient qu'il n'existe aucun lien direct entre ces trois idées disparates.

Son premier ancêtre Cormier venu sur l'ile du Cap-Breton était charpentier de navire. Ses frères sont menuisiers et son grand-père paternel était ébéniste. Façonner le bois semble être un trait familial implanté comme une écharde génétique chez lui, même si son père est un fonctionnaire retraité pur jus. Il sait qu’il faut des exceptions qui confirment la règle dans ce bas monde.

L’essence de bois qu’il préfère d’entre toutes est le Pin blanc parce que ça sent bon. Il aime encore mieux quand il se tient debout dans la forêt parce que c’est tellement beau. Si jamais il doit le coucher pour le façonner, c’est uniquement pour lui donner un souffle d’éternité...