DU FRUIT AU RÉCIT, UNE HISTOIRE DE MEUBLE


Quelque part dans la vallée d’une rivière tranquille, un immense Pin blanc largue un de ses fruits mûrs au sol. Au cours de la saison à venir, cent autres cônes suivront et mourront. Celui-ci pourtant reçoit toutes les conditions nécessaires pour germer. C’est déjà un petit miracle en soi! On pourrait s’arrêter ici. Mais non, le fruit va se transformer tranquillement en jeune pousse de pin pour percer patiemment l’humus de la forêt laurentienne, s'abandonnant aux bonnes grâces de la pluie et du soleil. Mais ce n’est pas tout de percer la terre, il faudra bien qu’il résiste aux maladies, aux insectes xylophages, au régime herbivore du cervidé, au fer de la hache des hommes, ce qu’il arrive à faire avec une résiliente innocence. Il le fait si bien qu’il parvient contre toute adversité à un âge vénérable qu’aucun homme ne pourrait jamais atteindre en plusieurs vies sur cette terre. Au terme de sa propre vie, quelques siècles plus tard, on le coupe pour en faire du bois d’œuvre. La bille de bois est alors sciée en planche et séchée à l’air libre jusqu’à ce qu’un artisan arrive au moulin pour...

 


 

 
 

 

 UNE HISTOIRE DE TABLE


25 Septembre 1968
214 km au nord de Baie-Comeau

Étonnamment, il y avait beaucoup de fumée qui flottait dans l’air de la taverne pour l’heure du jour. Les ouvriers s’étaient entassés dans le désordre, entrant au compte-goutte au fur et à mesure que la rumeur atteignait le fond du chantier. Il paraît que le premier ministre était en train de trinquer assis au bar. Même René Lévesque et Jean Lesage étaient là. On était à la veille de l’inauguration du barrage Manic 5 et Daniel Johnson était fébrile à l’idée de couper le ruban le lendemain midi. Après une longue décennie de labeur, le plus grand barrage à voûte multiple au monde venait d’être achevé et bientôt la planète nous regarderait avec admiration croyait-il.

À l’origine, Duplessis aurait bien vendu le projet aux Américains, mais c’est lui, Johnson, alors qu’il était ministre des Ressources hydrauliques, qui s’était battu pour l’en dissuader. Pour lui, il était inconcevable de laisser les travailleurs étrangers venir se mêler de nos affaires tandis que le Québec avait toute la main-d'œuvre qualifiée pour bâtir. Il avait raison. Regardez-moi ça ! Un vrai chef-d'œuvre d’ingénierie.

Les journalistes, au même rythme que les ouvriers, s’étaient agglutinés informellement autour de la table des dignitaires dans une ambiance détendue qui ressemblait plus à une veillée de jour de l’an qu’à une conférence de presse. Deux mois après sa sortie de l’hôpital, le premier ministre se vantait d’être dangereusement en forme, racontant qu’il ne fumait désormais plus que deux paquets par jour et dormait plus de quatre heures par nuit, papier du médecin à l’appui. On le narguait amicalement et tout le monde semblait apprécier l'atmosphère décontractée qui s'installait. Tandis que l’un se commandait une énième bière et que l’autre s’allumait une ixième cigarette, au beau milieu d'une question des journalistes, Johnson se leva de table en invoquant une solide envie de pisser. Tout le monde a éclaté de rire, Lévesque et Lesage compris. Bien normal après une couple de bières non?

En poussant la porte qui donnait sur l'arrière de la taverne, il avait tenté d'étouffer le bruit de son râle avec sa main. C'était un de ces râles profonds suivi d’une toux violente et brève. Il savait pertinemment que sa vessie n’était pas la cause de son malaise cette fois-ci. Le temps de se ressaisir il s’était appuyé sur ce qu'il avait pu trouver à proximité : une bobine de fil de haute tension en bois qui traînait là depuis des semaines. Essayant tant bien que mal de reprendre ses esprits, il ne pouvait s'empêcher de contenir son émoi devant la beauté qui s'étirait sous ses yeux. C’est vrai que le barrage était impressionnant. De son point de vue, il pouvait en admirer les contours avec philosophie. Après quelques minutes, d’un pas essoufflé mais contenu, il rentra à l’intérieur pour aller finir sa bière.

À l’aurore du matin suivant, un employé fait la triste découverte en livrant son petit déjeuner. Au cours de la nuit, Daniel Johnson avait poussé son dernier souffle, seul dans son lit, en l’absence d’un médecin. Une main tachée de sang glissée dans une poche, l’autre étendue au milieu de la poitrine, il s’était enlisé solennellement dans le lit de la Manicouagan sans dire un mot à personne. Étrangement, quelques jours auparavant, il avait dit à la presse : « Je m’en vais mourir debout cette semaine ! »

Voici une table faite à partir de la fameuse bobine de fil qui donna le temps au premier ministre de se ressaisir et de rentrer finir sa bière!


  

 

 

 

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« Il a une belle place dans mon chez-moi et contient des belles choses soit utiles, soit précieuses :) Merci encore, et toujours. Je suis tellement contente d'avoir une de tes oeuvres chez moi, avec moi! Tu es un artiste incroyable! Grande vie à ton être et ton art!!!!! »
Ève  Champagne, Montréal